lundi 4 août 2008

LITTÉRATURE - La condition chinoise par Jean-Louis Rocca

Trajectoire


« Mes livres sont pour moi des expériences. [ ... ] Une expérience est quelque chose dont on sort soi-même transformé. Si je devais écrire un livre pour communiquer ce que je pense déjà, avant d'avoir commencé à écrire, je n'aurais jamais le courage de l'entreprendre. Je ne l'écris que parce que je ne sais pas encore exactement quoi penser de cette chose que je voudrais tant penser »(1)


Comme tentative de « faire le point » dans une trajectoire de recherche, ce manuscrit vient de loin. Il est le résultat d'un ensemble d'expériences. Au milieu des années 1970, la lecture d'ouvrages dénonçant le maoïsme m'a incité à m'intéresser à la Chine. Je pense bien sûr aux ouvrages de Simon Leys(2) mais avant tout au désormais mythique Révol. cul. dans la Chine pop. et à son affirmation quasi programmatique : « les Chinois ne sont pas des cons »(3). En substance, ils ne se réduisent pas à l'image de ce peuple obsédé par le labeur et heureux dans la dévotion, un peuple dépourvu de passions, de sexualité et de sentiments, que le régime et ses laudateurs occidentaux nous fournissaient. Certes, pour beaucoup de maoïstes, le détour par la Chine n'était qu'un moyen de promouvoir en France une forme de pouvoir totalitaire. Mais précisément, faire comme Leys, « y aller voir », apprendre le chinois et écouter ce qu'ont à dire les « indigènes », tout cela apparaissait comme une façon de rendre justice aux Chinois et de s'opposer à l'emprise du maoïsme.

De ce travail, on peut dire qu'il se place sous les mêmes auspices. Certes le regard a changé. Jadis, les Chinois étaient des modèles, aujourd'hui l'image est plus floue. Elle va du contre exemple à la fascination inquiète devant une réussite jugée insolente. Mais, dans tous les cas, les Chinois sont renvoyés à une sorte d'altérité fondamentale par rapport à une norme plus ou moins explicite. A l'heure actuelle, cette norme est celle de la « modernisation » et de son point d'aboutissement : la démocratie de marché. Que l'on en juge par quelques affirmations péremptoires d'Alain Touraine, parues dans un dossier dont le titre est révélateur : « La Chine, société interdite »(4). La Chine est contrôlée par « un parti tout-puissant qui ne tolère la formation d'aucun centre de documentation ou simplement d'expression ». [ ... ] « D'un côté, le parti-État ; de l'autre, un marché de plus en plus internationalisé ». Quant à la société, elle est « politiquement amorphe ». La Chine connaît une « extrême domination de l'État sur la société ». [ ... ] « La Chine est présente, visible ; les Chinois sont absents, malgré leur masse immense et leurs problèmes dramatiques. Ils parlent, mais leur voix ne s'entend pas au niveau de cet immense pays »(5).

Certes, ces jugements peuvent être portés au débit d'un intellectuel mal informé. En Occident comme en Chine(6), la recherche fournit aujourd'hui une quantité énorme d'informations sur ces « Chinois » qui, malgré leur « absence », manifestent, protestent, contestent avec détermination. La position de Touraine est néanmoins emblématique de l'orientation générale des interprétations données aux événements qui se déroulent dans la Chine des réformes. Phénomènes, institutions, comportements, politiques sont analysés au regard de normes de la « modernité » : le marché, la démocratie, l'État moderne, l'individu, la loi, la contestation démocratique, la bourgeoisie. On se demande quelle est cette chose - la Chine - par rapport à ces « substances », au sens spinozien du terme(7). Pourquoi ces universaux ne prennent-ils pas forme en Chine alors qu'ailleurs cette actualisation semble si proche ? D'où cette ambiance particulière qui règne dans moult colloques et séminaires consacrés à la société chinoise, mêlant regard condescendant sur le « retard politique des Chinois », ironie sur les pratiques bureaucratiques et jugements apitoyés sur les victimes du miracle chinois. A la réflexion académique s'ajoute la visée pédagogique. Sous l'égide d'universités renommées et d'ONG dévouées, on monte des sessions de formation à la « bonne gouvernance », à la « démocratie », à la « protection sociale », aux « lois du marché », etc. Le discours se veut stratégique : entre nous, « modernes », il est de bon ton de critiquer le « cirque » démocratique, les machines politiques, les égarements du capitalisme, du FMI ou de la France démocratique - sa politique coloniale ou ses prisons - mais pas question d'en parler avec nos collègues chinois. Il ne faut pas désespérer Tiananmen....

Même lorsque la réalité semble contredire les figures convenues - la société civile, l'entrepreneur rationnel, le bureaucrate honnête et efficace, l'État de droit - elles sont réintroduites par un tour de passe-passe. Dans une étude pourtant remarquable sur les impasses de l'analyse transitionnelle, Pereenboom distingue l'État de droit « épais » (thick) de l'État de droit « mince » (thin), la Chine présentant les traits de la minceur(8). Jean Oi fait des fonctionnaires locaux des « entrepreneurs » d'une économie définie par le « corporatisme d'État local » (local state corporatism)(9). Yang considère les « relations personnelles » (guanxi) comme un succédané à l'improbabilité d'une société civile « chinoise »(10).




Parti pris


Dans mes recherches, qu'il s'agisse de criminalité de masse(11), de fiscalité illégale(12), de « corruption »(13), de marchandisation problématique du travail(14), de conflits sociaux(15), de politiques sociales(16) ou de formation réciproque de l'État et du marché(17), je fus souvent sommé de confronter mes résultats à la norme : celle de la bonne gouvernance, de la moralité, de la bureaucratie moderne, de la revendication démocratique ou de la raison économique. Ma réponse a consisté à remettre en cause les figures convenues de la modernité et par conséquent à prendre la société chinoise dans sa double banalité. Banalité dans le sens où la Chine doit être saisie comme un objet « normal » des sciences sociales(18) ou de la réflexion sur l'expérience humaine(19), mais aussi sous l'aspect de la banalité de l'objet lui-même(20).

Trois courants de pensée m'ont permis d'avancer dans ce parcours critique. D'abord, la sociologie historique, notamment à travers son souci « des conséquences inattendues », des choix collectifs ou individuels, des spécificités des contextes historiques, et dans sa méfiance de la « standardisation » (standardize) des séquences historiques. Pour les auteurs qui s'en réclament, le moteur de la réflexion est la volonté de « répondre à des questions historiquement situées et non basées sur des paradigmes classiques »(21). L'Ecole de Francfort, ensuite, qui se refuse à identifier absolument concepts et données de l'expérience, sujet et objet, particulier et universel, et confronte « les prétentions de l'idéologie bourgeoise avec la réalité de ses conditions sociales »(22). Il n'existe pas de vérité en dehors de la réalité sociale et, par conséquent, le seul trait naturel de l'homme est son anthropogénèse. Foucault, enfin, pour qui la modernité n'est pas une période niais une attitude ; une attitude qui consiste à se demander : « dans ce qui nous est donné comme universel, nécessaire, obligatoire, quelle est la part de ce qui est singulier, contingent et dû à des contraintes arbitraires ? »(23). La méthode est simple, elle consiste à « juger les gens sur leurs actes et éliminer les fantômes éternels que suscite en nous le langage »(24).

Ces courants de pensée ont en commun d'être « critiques » au sens que Judith Butler donne à ce terme, comme « déchirure dans notre toile épistémologique ». Il s'agit de s'interroger « sur les limites de la connaissance parce qu'on a déjà rencontré une crise dans le champ épistémologique. Les catégories qui organisent la vie sociale produisent une certaine incohérence, ou des pans entiers d'indicibilité »". On doit suspendre son jugement en évitant de placer un fait dans une catégorie déjà instituée.

Un des moyens à la disposition de cette attitude consiste à rendre compte de l'origine des pratiques - « ce que font les gens W' - et d'opérer ainsi « une critique des valeurs morales ». « Cela suppose la connaissance des conditions et des circonstances de leur naissance, de leur développement, de leur modification J. Faire de la généalogie consiste à appréhender les phénomènes ou les institutions non comme des substances mais comme des constructions. Ainsi, la « corruption » n'existe pas comme notion préalable à sa manifestation, elle ne va pas de soi, elle se dégage pratiquement par référence à d'autres phénomènes considérés - par qui ? - comme « normaux ». C'est une construction politique". On est loin de la perspective normative voire statistique de certains combattants de l'anti-corruption" ! De même, la sempiternelle opposition entre « l'État » et « la société » ne peut servir de principe à l'analyse de la formation des politiques sociales. Les modes de gestion du social se déterminent dans les termes du conflit, des compromis entre forces sociales et des « conséquences inattendues » de l'action publique. Difficile alors de décider si ces forces sont dans l'État, à côté ou en face. Dernier exemple : il est impossible de comprendre les succès de l'économie chinoise sans envisager les rapports État/marché dans le cadre non pas d'un jeu à somme nulle mais sous les traits d'une affirmation réciproque. La montée en puissance des entreprises chinoises sur les marchés internationaux n'est pas antagonique, bien au contraire, avec l'affirmation de la puissance publique.

Bien entendu, l'État, ou l'État-parti peu importe ici, a une supériorité manifeste. Il est, et avec lui les forces qui l'occupent, la seule entité qui, d'emblée, possède « un lieu susceptible d'être circonscrit comme un propre et donc de servir de base à une gestion de ses relations avec une extériorité distincte »". Les autres forces - en Chine, les criminels, les ouvriers déclassés, les migrants, les paysans, les entrepreneurs, les classes moyennes, etc. ou telle ou telle fraction de ces groupes - n'occupent habituellement qu'une position tactique, c'est-à-dire « un calcul qui ne peut pas compter sur un propre, ni donc sur une frontière qui distingue l'autre comme une totalité visible »". Cependant, ces forces sociales sont avec l'État dans un « rapport de pouvoir », leurs actions participent à sa formation. L'enjeu est alors de comprendre, par exemple, comment l'État chinois peut être à la fois « instituteur du capitalisme » et « protecteur de la société »".



Capitalisme


A l'occasion des réformes, la Chine n'entre pas dans la « modernité » mais tout simplement dans le « monde moderne »", tel est le parti pris de ce travail. Ou plutôt elle parachève son entrée puisque, depuis la chute de l'Empire et surtout depuis 1949, elle n'a cessé par certains aspects de participer à cet âge

du « gouvernement »14~ à ce monde où domine le « social »". Mais, on peut tout aussi bien dire que la Chine est entrée (ou réentrée) dans l'ère du capitalisme après quelques dizaines d'années de refus (ou de rupture). L'exploitation du travail des

migrants dans les sweat-shops de la côte, la paupérisation d'une partie de la population, l'émergence d'une classe d'entrepreneurs aux larges connections politiques sont des phénomènes qui ont peu à voir avec les stigmates du « totalitarisme » et beaucoup avec l'accumulation capitaliste. Le terme « capitalisme » est pourtant largement ignoré par la littérature sinologique en Occident comme en Chine. Il est remplacé pudiquement par « économie de marché » ; tentative ici aussi de dé-dramatiser, de dé-politiser, de dé-historiciser l'analyse. Le « capitalisme » suppose conflits, contradictions, violence, injustice, crises, tandis qu'« économie de marché » renvoie à l'image de l'élaboration technique d'un projet rationnel.

De cet événement qu'est le capitalisme, la « mise au travail » est un élément essentiel :

« Ce qui caractérise la formation du capitalisme en Occident [ ... ] c'est la mise au travail. Auparavant, les membres productifs des sociétés travaillent naturellement, en contact immédiat avec la terre, avec la nature créatrice, avec les animaux [ ... ] avec les instruments, les matières, les produits. [ ... ] A partir du XVIIème siècle, il s'agit de jeter les producteurs, dépossédés des moyens de production, dans le travail abstrait,

médiatisé par l'outil et les machines, exécuté dans des locaux abstraits (ateliers, manufactures, entreprises), pour un marché lointain »".

En Chine, comme ailleurs, le développement de l'économie marchande, la marchandisation du travail, de la terre et de l'argent, la mobilité physique et sociale des individus conduisent la puissance publique à aborder ses missions d'une manière nouvelle. Au contraire de la décennie précédente, les années 1990 ne constituent pas un « moment machiavélien »", dans lequel la scène est occupée par des interrogations sur le fondement de la communauté politique, du « vivre-ensemble des hommes »". Le temps est à l'administration du domestique la prospérité économique, le traitement social, la gestion de la population - et l'ambition de ce travail est de mettre en lumière à la fois les pratiques d'« objectivation » de la population et les pratiques d'appropriation/résistance des nouveaux « sujets », aux deux sens du terme, selon la formule de Foucault.

Notons enfin que les références au « matériel » et aux « pratiques » ne signifient pas que l'approche est utilitariste. Il ne s'agit pas de dégager les « intérêts » des uns et des autres et d'en faire le moteur de l'action. Les « pratiques » ne peuvent aller sans une conscience d'elles-mêmes, sans un discours qui sert de guide à l'action". Dit autrement, les « pratiques » sont des « imaginaires ». « Le monde social est chaque fois constitué et articulé en fonction d'un système de significations, et ces significations existent »411.

Expériences


Ce travail est le fruit d'une expérience de la Chine, d'une expérience conceptuelle, mais aussi d'une expérience à la fois intellectuelle et humaine. A travers des discussions avec mes collègues du CERI, de manière informelle ou dans le cadre de groupes de recherche, j'ai pu avoir accès à d'autres planètes et à d'autres temps. De la « privatisation des États »` aux « trajectoires du politique »` en passant par les réflexions sur le totalitarisme (Jean-Luc Domenach), autant d'occasions d'emprunts aux uns et aux autres. Dans ce bilan, le poids de Jean-François Bayart a été prépondérant. Non seulement il m'a conduit à lire ou à relire des ouvrages essentiels, mais, par ses remarques, il a constamment repoussé les limites de ce travail. C'est ce que l'on appelle, je crois, de la générosité intellectuelle. De même, la réflexion que j'ai menée avec Françoise Mengin autour de la préparation d'un colloque et de la publication d'un livre collectif" a contribué d'une manière considérable à l'approfondissement de mes analyses. L'application à la Chine du concept de formation réciproque de l'État et du marché ou de la notion de « différentiel » en est un exemple. Beaucoup d'idées développées ici sont nées de discussions communes.

J'ai pu aussi profiter des travaux de ce que Bayart a appelé « l'école française de sinologie »', appellation d'origine non contrôlée mais non dénuée de sens. A travers les publications d'Yves Chevrier, de Françoise Mengin, d'Isabelle Thireau ou d'Antoine Kernen s'exprime un commun souci de se pencher sur ce qui dépasse les limites bien balisées de la transitologie. Enfin, les échanges avec des chercheurs chinois, notamment Jing Jun, Li Qiang, Li Kang, Li Lulu, Shen Yuan, les deux Tang Jun, Tong Xin, ont modifié et enrichi mes analyses. Grâce à eux, le long séjour (2000-2002) qui a contribué à la création de l'Antenne franco-chinoise en sciences sociales et humaines" m'a permis de lier débat intellectuel avec les étudiants et les chercheurs, projets institutionnels et travaux de terrain.



1. Michel Foucault, Dits et Ecrits H, Paris, Gallimard, 2001, pp. 860-861.

2. Simon Leys, Les habits neufs du président Mao, Paris, Champ libre, 1971 et Ombres chinoises, Paris, UGE, 1974.

3. Révol. cul dans la Chine pop., Paris, UGE, 1974.

4. Le Monde des débats, mars 2000, pp. 4-8.

5. Alain Touraine, «La Chine, une société sous l'étouffoir du Parti», ibid., pp. 4-6. On n'insistera pas sur les nombreuses erreurs factuelles qui émaillent le texte.

6. Il est loin le temps où l'on pouvait négliger les travaux de nos collègues chinois, en raison de leurs faiblesses ou de leur trop grande orthodoxie. Aujourd'hui toute recherche sérieuse doit intégrer les sources autochtones.

7. « Par substance, j'entends ce qui est en soi et est conçu par soi, c'est-à-dire ce dont le concept n'a pas besoin du concept d'une autre chose pour être formé », Baruch Spinoza, LEthique, OEuvres complètes, Paris, Gallimard, 1954,p.310.

8. Randall Peerenboom, Chinas Long March toward Rule of Law, Cambridge, Cambridge University Press, 2002.

9. Jean C. Oi, « Fiscal reform and the economic foundations of local State corporatism in China », World Politics 45, octobre 1992, pp. 99-126.

10. Yang Mayfair Mei-hui, Gifts, Favors, and Banquets. The Art of Social Relationships in China, Ithaca NY, London, Cornell University Press, 1994.

11. L'Empire et son milieu. La criminalité en Chine populaire, Paris, Plon, 1991.

12. « L'État entre chiens et loups. Résistance anti-taxes et racket fiscal en Chine populaire», Etudes chinoises XI (2), automne 1992, pp. 77-140.

13. « Corruption and its shadow: an anthropological view of corruption in China », The China Quarterly 130, juin 1992, pp. 401-416 ; « Pouvoir et corruption en Chine populaire », Perspectives chinoises 11-12, janvier-février 1993, pp. 20-30 ; Power, Wealth and Corruption in Mainland China, texte préparé pour The Third International Conférence on Ethics in the Public Service: Corruption in a Changing World: Comparisons, Theories and Controlling Strategies, Jerusalem, 6-11 juin 1993, publié dans Working Paper 2 de l'Institut d'Asie orientale (CNRS, Lyon) ; « La confusion des devoirs : corruption et bureaucrates en Chine à la fin de l'Empire et dans les années 1980 », Revue française de science politique 44 (4), août 1994, pp. 647-665 ; « La corruption et la communauté. Contre une analyse culturaliste de l'économie chinoise », Revue Tiers-monde XXXVII (147), juillet-septembre 1996, pp. 689-702 ; « La corruption en Chine : une construction du politique », Mondes en développement 26 (102), 1998, pp. 95-104.

14. « La 'mise au travail' capitaliste des Chinois », pp. 47-72 in Jean-François Bayart (ed.), La réinvention du capitalisme, Paris, Karthala, 1994 ; avec Antoine Kernen, « La réforme des entreprises publiques en Chine et sa gestion sociale: le cas de Shenyang et du Liaoning », Les Etudes du CERI 3 7, janvier 1998, 35 p. ; « 'Three at once': The Multidimensional Scope of Labour Crisis in China », pp. 3-30 in Françoise Mengin, Jean-Louis Rocca (eds), Politics in China: Moving Frontiers, New York, Palgrave, 2002 ; « L'évolution de la crise du travail dans la Chine contemporaine », Les Etudes du CERI 65, avril 2000, 37 p. ; « La montée du chômage dans la Chine urbaine : les contradictions des politiques de l'emploi », Perspectives chinoises 59, mai-juin 2000, pp. 38-51.

15. « Old Working Class, New Working Class: Reforms, Labour Crisis and the Two Faces of Conflicts in Chinese Urban Areas », pp. 77-104 in Taciana Fisac, Leila Fernandez-Stembridge, China Today: Economic Reforms, Social Cohesion and Collective Identities, London, New York, Routledge-Curzon, 2003.

16. « The rise of the social and the Chinese State », China Information XVI (1), 2003, pp. 1-27; avec Antoine Kemen, « Traitement social du chômage et nouvelle pauvreté. Le cas de Shenyang et du Liaoning, Perspectives chinoises 56, novembre-décembre 1999, pp. 34-49 ; « La Chine par ellemême. 1. L'invention des politiques sociales », Critique internationale 18, janvier 2003, pp. 57-64 ; « La question sociale comme condition et contrainte du miracle chinois », Ramsès, 2005, pp. 47-61.

17. « Chine : la prospérité sans démocratie... ni marché», pp. 37-70 in Jean-Luc Domenach, François Godement (eds), Communismes d'Asie : mort ou métamorphose ?, Paris, Editions Complexe, 1993 ; « The New Elites », in Maurice Brosseau, Lo Chi Kin (eds), China Review 1994, Hong Kong, 1994, chapitre 16 ; « L'entreprise, l'entrepreneur et le cadre. Une approche de l'économie chinoise », Les Etudes du CERI 14, avril 1996, 38 p. ; « Le capitalisme chinois ou les paradoxes du flou », Pouvoirs 8 1, avril 1997, pp. 21-30.

18. Comme Jean-François Bayart parle de « banale Afrique » dans L'État en Afrique. La politique du ventre, Paris, Fayard, 1989.

19. De la même façon que Hannah Arendt parle de « banalité du mal » dans Eichman à Jérusalem, Paris, Gallimard, 199 1.

20. Jean-Louis Rocca, « Chine : vers un Etat banal », pp. 227-245 in Béatrice Hibou (ed.), La privatisation des Etats, Paris, Karthala, 1999. Yves Chevrier abordait cette question - mais en conservant le mode interrogatif dans « Un pays en voie de banalisation ? Les paradoxes politiques de la réforme chinoise », Relations internationales 8 1, printemps 1995, pp. 9-5 8.

21. Theda Skocpol, « Sociology's Historical Imagination », pp. 1-22 in Theda Skoepol (ed.), Vision and Method in Historical Sociology, Cambridge, Cambridge University Press, 1984.

22. Martin Jay, L'imagination dialectique. L'Ecole de Francfort 19231950, Paris, Payot, 1977, p. 93.

23. Les discours sont traités comme des « événements historiques ». Il s'agit d'adopter « une attitude expérimentale », « une épreuve historico-pratique des limites que nous pouvons franchir ». Enfin, penser « moderne » c'est maintenir un effort de globalisation. Premièrement en réaffirmant un enjeu « comment déconnecter la croissance des capacités et l'intensification de ~relations de pouvoir ». Deuxièmement, en montrant l'homogénéité de phénomènes : étudier les « formes de rationalité qui organisent les manières de faire » et « la liberté avec laquelle ils agissent dans ces systèmes pratiques » Troisièmement en systématisant l'approche de trois axes : le savoir, le pouvoir et l'éthique, voir Michel Foucault, « Qu'est-ce que les Lumières ? », Le Magazine littéraire 309, avril 1993, pp. 62-74.

24. Paul Veyne, Comment on écrit l'histoire ; suivi de Foucault révolu tionne l'histoire, Paris, Seuil, 1979.

25. Judith Butler, « Qu'est-ce que la critique ? Essai sur la vertu selon Foucault », pp. 75-101, in Marie-Christine Granjon (ed.), Penser avec Michel Foucault. Théorie critique et pratiques politiques, Paris, Karthala, 2005.

26. Ibid.

27. Friedrich Nietzsche, La généalogie de la morale, Paris, Gallimard, 1971, p 14. Il faut toujours historiciser les pratiques et les institutions car « la cause de la naissance d'une chose » doit être distinguée « de son utilité » ; « une chose qui existe et qui a pris forme d'une manière ou d'une autre est toujours interprétée d'une façon nouvelle par une puissance supérieure qui s'en empare, la ré-élabore et la transforme en l'adaptant à un nouvel usage », Nietzsche, op. cit. p. 84.

28. Sur ces questions voir Jean-Louis Rocca, La corruption, Paris, Syros Alternatives économiques, 1993.

29. Voir notamment les « classements » des pays en fonction de leur plus ou moins grande corruption opérés par Transparency International.

30. Michel de Certeau, L'invention au quotidien. T. 1. Arts défaire, Paris, UGE, 1980, p. 21.

31. Ibid.

32. Karl Polanyi, La grande transformation. Aux origines politiques et économiques de notre temps, Paris, Gallimard, 1983.

33. Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, Paris, Calmann-Lévy, 1983 (1961 pour l'édition originale).

34. Foucault, Dits et Ecrits H, op. cit. pp. 635-657.

35. Arendt, op. cit.

36. Henri Lefebvre, De lEtat. T 2. Théorie marxiste de l'Etat: de Hegel à Mao, Paris, UGE, 1976, pp. 43-44.

37. John G. Pocock, The Machiavellian Moment. Florentine Political Thought and the Atlantic Republican Tradition, Princeton NJ, Princeton University Press, 1975.

38. Arendt, op. cit.

39. Veyne, op. cit.

40. Cornelius Castoriadis, L'institution imaginaire de la société, Le Seuil, Paris, 1975, p. 204 et 221. « Les choses sociales sont ce qu'elles sont moyennant les significations qu'elles figurent, immédiatement ou médiatement, directement ou indirectement. Elles ne peuvent l'être que moyennant leur 'incarnation% leur 'inscription', leur présentation et figuration dans et par un réseau d'individus et d'objets qu'elles 'informent' », ibid. p. 514.

4 1. Béatrice Hibou, op. cit.

42. Jean-François Bayart (ed.), La greffe de l'Etat, Paris, Karthala, 1996.

43. Françoise Mengin, Jean-Louis Rocca (eds), Politics in China: Moving Frontiers, op. cit..

44. Jean-François Bayart, L'illusion identitaire, Paris, Fayard, 1996.

45. Institution aujourd'hui dirigée à Beijing par Jean-Luc Dornenach et Alessia Lefébure.

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